Société d’art et d’Histoire du Mentonnais

Auberges et hôtels de la rue Saint-Michel

samedi 24 mars 2012 par Jean-Claude VOLPI

Nous sommes fin des années 1850. La Place du Cap va devenir le point centrale de la cité avec la construction d’un nouveau port. En bordure de la rue St-Michel, voie de passage primordiale, quelques établissements à vocation hôtelière voient le jour. Les hôtels de la rue St-Michel sont les vestiges architecturaux d’une période charnière comprise entre la période monégasque et la période moderne et industrielle qui s’annonce.
La Place du Cap était le point terminus des lignes d’omnibus à chevaux vers Garavan, le Careï et Carnolès Pour évoquer le passé hôtelier de cette période transitoire qui a vu le jour sur cette partie de l’ex-route Impériale future « Nationale 7 » :

La Pension Suisse, à l’angle de la Place du Cap et du Quai Bonaparte. Elle est notée sur un plan original de la ville (1865) sans autre précision.

Plus loin, la Place Clemenceau accueille l’Hôtel des Quatre Nations de M. Isnard propriétaire, au n°13 (alors qu’au n°17, l’artiste peintre monégasque Philibert Florence y tient son atelier en 1881) et Coté sud, la belle façade de l’Hôtel d’Angleterre de M. Velliano (entre les années 1850 et 1878 avant de devenir le premier Hôtel Bristol jusqu’en 1881 puis mairie de Menton jusqu’en 1901-1902).

Avec le remplacement de l’antique pont en bois sur le Fossan puis la couverture de ce torrent pour accueillir la rue Gavini, de nouveaux immeubles apparaissent. En 1870, avec sa façade Nord qui s’ouvre sur la rue St. Michel (n°10), l’auberge d’Italie est indiquée au n°3 rue Gavini (actuelle rue Trenca). Elle est tenue par M. Jacques Beilis. Cet établissement deviendra l’Auberge de Sospel .Par contre, elle est mentionnée en janvier 1900 à l’occasion de sa vente aux enchères (mise à prix de 3000 F). La propriétaire était Mme Veuve Palanca.
La porte cochère côté rue Trenca n°3 donnait accès à une grande cour intérieur pour accueillir les chevaux. Cette auberge-relais sera

transformée en appartements après sa vente aux enchères. Le rez-de-chaussée, qui servait de restaurant, sera transformé en charcuterie-traiteur de renom dont les premiers propriétaires furent M. et Mme Miri. Après la 2e guerre, ce furent M et Mme. Escoffier puis M. et Mme Lacaud (actuellement, commerce de vêtements de luxe).
Plus loin, au n°7, l’Hôtel des Étrangers, 4 étages sur rez-de-chaussée est mentionné vers 1864.

La pension Suisse (vue plus-haut) et l’Hôtel des Étrangers feront partie des 11 hôtels et 7 pensions qui s’ouvriront entre 1861, date du Rattachement à la France et 1869, année de l’arrivée du train P.L.M.

Au n°3, l’Hôtel de France, première mention en 1815, est sans doute le plus ancien hôtel mentonnais en activité au 2 février 1861 (20 chambre à l’origine). Il était situé à proximité du 1er relais de poste de la période sardo-monégasque. Sans doute par absorption de l’Hôtel des Étrangers, il devient Hôtel de France et des Étrangers en 1885. M. Blanc le nouveau propriétaire met en place un service d’omnibus à cheval entre son hôtel et la gare P.L.M en accord avec 7 ou 8 autres hôtels qui ne disposaient pas de ce moyen de transport. Son coche, qui stationnait Place Nationale, portait lisiblement les mentions « Hôtel de France, service de la ville et des villas ». Cette extension du transport de sa clientèle à celles d’autres hôtels va amener un affrontement avec les patrons-cochers. En juillet 1885, son coche-omnibus est pris pour cible avec des citrons pourris et des tomates plus que molles. En 1909, M. Blanc, perd une partie de ce privilège à cause de la mise en place de 2 omnibus à chevaux par la Société P.L.M dans la cour de la gare. Le nouveau propriétaire est M. Sacaggi Paget en 1913. 1935, M. Nathiaud et M. Mayoussier offrent 40 chambres et en 1949 M. Mugnier 43 chambres. Actuellement l’hôtel est fermé.

La Pension du Midi était située face à la grève. Maintenant, c’est une copropriété et un restaurant « le Tagliatelle » situé au n°1684 L'hôtel de Menton et du midi, façade du bord de mer
Promenade du Soleil. En 1862/63, lors de sa construction, l’accès se faisait par la rue St. Michel à hauteur du N°8 qui restait à construire. Aux alentours de 1880, la Pension du Midi deviendra l’Hôtel-Pension Mignon dont M. Mignon est le propriétaire jusqu’en 1920. On connaît divers propriétaires de la pension Mignon : Mme Davico-Migliore entre 1931/1944 ; M. Ménard, en 1945. L’hôtel ferme en 1966. Après cette date, il sera repris et deviendra, le Sea-Point hôtel** jusqu’en 1991/92. Sa dernière enseigne, Hôtel St Michel** de 1993 jusqu’en 2004.

Au début de 1880, M. Mignon a fait construire un second hôtel du Midi, plus moderne avec un petit théâtre. L’accès de faisait directement par le n°4 Rue St-Michel. Ce 2e hôtel du Midi sera ensuite rattaché à l’Hôtel de Menton (voir ci-dessous).

Le Vendôme-Belambra, au n°2, est le seul établissement de la rue Saint Michel, encore porteur d’une mémoire liée à un accueil hôtelier et para- hôtelier. Sa construction remonte entre 1870 et 1876. M. Muret (pâtissier, confiseur, glacier) ouvre en rez-de-chaussée du n°2 (actuel magasin de vêtements homme Devred qui est connu des anciens Mentonnais pour avoir abrité le célèbre Café de Paris avec son P.M.U.)
Il faut encore mentionner l’existence de la Pension Rebaudo apparue dans un encart publicitaire de 1921 dans le Journal de Menton, au n°15 Rue Saint-Michel, son « restaurant des Deux Marchés », avec sa cuisine italienne, était renommé.

Enfin la Pension Atrium, cette œuvre Art Déco de l’architecte Antoine Gioan qui a été édifiée en 1928 au 23bis rue Saint-Michel (700 m2). Comme de nombreux hôteliers étaient ses clients, M. Gioan avait conçu une formule d’accueil inédite à l’époque pour les hivernants : le « meublé touristique long séjour » avec 18 appartements puis 22 (ajout en 1937 puis en 1964). Cette formule est toujours en activité. Mme Évelyne D’arbaumont-Gioan fille du concepteur en est toujours la propriétaire. De par sa configuration, cette construction est cachée aux regards des passants de la rue Saint-Michel. Ce qui a toujours sauvegardé sa quiétude de petit nid de tranquillité.


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