Société d’art et d’Histoire du Mentonnais
Textes en français et en castilhounenc

L’Ecole de Castillon… jadis

samedi 11 mars 2017 par Jean RAYBAUT

L’ECOLE DE CASTILLON… JADIS

Né en juillet 1898, Auguste est un enfant d’un peu plus de 6 ans lorsqu’il va à l’école pour la première fois en 1904. L’école se situait dans une pièce d’une maison proche de la fontaine que l’on peut voir encore sur la place proche des restes de l’Eglise. Garçons et filles venaient ensemble… 55 enfants ! Pour le premier jour, le maître, qui logeait dans une pièce au-dessus de la classe, avait préparé, pour les enfants, un bon feu dans la cheminée.
D’abord, l’enseignant devait connaître le niveau de ces petits élèves. Ainsi ceux qui savaient un peu, apprenaient à ceux qui ne savaient rien.
Mais notre instituteur va connaître une difficulté ; personne ne savait ni écrire ni même lire mais chacun savait qu’il fallait savoir…Tous sont pauvres et doivent « trimer ». La terre est maigre, l’eau rare, et chacun, jeune ou vieux, devait aller à la campagne et les plus petits aller garder les bêtes. Aller à l’école dépendait de ce que la campagne exigeait. Tous savaient qu’aller à l’école était important, mais avec une terre ingrate et des terrasses étroites, tous devaient participer. Alors quand il le fallait, le gamin (ou la fille) allait à la campagne au lieu d’aller à l’école… On peut ainsi dire que les enfants fréquentaient l’école quand ils le pouvaient. L’hiver, tout allait bien, mais quand il fallait labourer, semer, arroser, faucher, les plus grands étaient dans les terrasses et les petits allaient garder les bêtes. Il faut dire que la terre étant surtout constituée de cailloux le rendement faible exigeait que l’on plante partout et exploiter la moindre parcelle.
L’hiver, chacun, tous les matins, allait à l’école avec une bûche de bois sous le bras, pour chauffer la classe.
On ne sait pas comment travaillait cet instituteur. On ne peut parler de méthode pédagogique mais ce qui est certain c’est que presque un siècle plus tard, mon père se souvenait toujours des récitations qu’il avait apprises il y a… longtemps. Le petit Gustou parle toujours (après plus de quatre-vingts ans) des Lettres de mon Moulin. Mon père revoyait encore le registre de la Bibliothèque scolaire où étaient inscrits le nom des livres…
Les enfants de ce temps-là ont ainsi pu avoir une « place » dans l’administration et sont devenus fonctionnaires (mi-paysan, mi-employé). Il est vrai que le « certificat » était « quelque chose » en ce temps là…
Ces maîtres issus des premières Ecoles Normales ont voulu apporter la connaissance et dire qu’au-delà de Castillon, il y avait tant et tant à découvrir…
Je me souviendrai toujours : quand nous nous mettions à parler de l’école de ce temps-là, se révélait aussitôt l’empreinte qu’elle avait laissée…
Jean Raybaut

A SCORA DE CASTILHOUN, TEMPE FA

Naishù en mishounier de 1898, Gustou es un bardòt d’un paù malh de sielh ans coura va a scora pèr ou premier còu en…1904. A scora se fasìa en una pessa d’una malhjoùn vesina d’a fouont que se ve sempre damoùn au fount da piassa souta a ghieijha. Magnàns e magnànas venìan ensem…55 bardots ! Pèr ou premier jounl ou maìstre, que stasìa en un pessa soubr’ a scora, avia alestì, pèr e bardòts, un bel fuëc en la chaminéa.
Prima, ou maìstre devìa counouishe ou nivèl d’aquès enfantouns. Aquès que sabìan un pau, emparàvan à n-aquès que noun sabìan ren.
Ma nouòstre maìstre va counouishe ‘na difigourtà : degùn noun sabìa scrìoure ni mancou liége ma càda-un sabìa que carìa saupre… Ma tous soun paure e cada-un deu se levàr a pèl e travalhàr. A terra e maigra, pau d’aiga cada-un, que sìga vielh o joùe devìa anàr en campagna e pèr e pu pichìns anàr gardàr e bèstias. Anàr à scora depende de ço que car far en campagna. Tous sabiàn qu’anàr a scora era impourtànt, ma dam na terra maigra, de faìshas coustrechas, tous devìan ajuàr … Aloùra, coùra carìa, ou magnàn (o a magnàna) anàva en campagna en pàssa d’anàr à scora … Se pouòr dire que e bardots anàvan a scora coura pourìan… D’ivenl, anàva ben, ma coura carìa lauràr, semenàr, aigàr, segàr, e pu grans èran en e le faishas, e bardots anàvan gardàr e bèstias. Car dire qu’a terra era facha d’escailhoun e era de pichin randamènt. Carìa piantàr da pertout.
D’ivenl, càda-un, de matìn, anàva a scora dam n’estella sou bras pèr scaudàr a classa.
Noun se pouòr counouishe couma travalhava aquel maìstre, Noun se pouòr panlàr de méthode pédagogique, ma es segùr que scasi un sécoulou pu tardi, ou mieù paire se navisava sempre de recitatioun qu’avìa emparà …tempe fa. Ou pichìn Gustou panla sempre (mai de utanta ans fa) de Lettres de mon Moulin. Moun paire pensava sempre au registre da bibliothèque scolaire… doun éran scriche e noums dei libres…
E bardòts d’aquel temp an pourgù aver ‘na piassa en l’aministracioun e soun devengus founsiounari (miech paisan-miech empiègà). E vèr qu’ou « certificat » era quarcaren… tempe fa.
Aqués maìstres sourtis de premièras Ecoles Normales an vourgù pourtàr a counouilhensa e emparàr que fouora de Castilhoùn i era tant e tant à counouishe…
Me n’aviserai sempre : coura se metiàn a panlàr da scòra d’aquel temp, se veìlha sou còu a marca qu’avìa laishà a scora de… temp fa.
Jean Raybaut
(parler castilhounenc)


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