Accueil > La revue « Ou Païs Mentounasc » de la SAHM > Année 2005 - « Ou Païs Mentounasc » > N°114 Juin 2005

S.A.S. le Prince Rainier III de Monaco
La nouvelle du décès de S.A.S. le prince Rainier III a été apprise avec une grande tristesse tant en Principauté de Monaco que dans les communes limitrophes, où la population s’est pleinement associée au deuil qui frappe la Famille Souveraine et les Monégasques.
Quatre cents ans d’une destinée commune ont intimement uni les Grimaldi et la ville de Menton, et malgré les vicissitudes de l’Histoire qui ont vu se détacher la cité du Rocher de Monaco, Mentonnais et habitants de la Principauté n’en cultivent pas moins de véritables liens de réciproque et affectueuse amitié.
La commune a toujours témoigné sa sympathie à la Famille Souveraine lors des grandes dates qui ont marqué le règne de S.A.S. le Prince Rainier III : célébrations de ses 25 et 50 ans de règne, et commémoration des 700 ans de la dynastie des Grimaldi, commémoration à laquelle notre cité s’est associée.
Menton conserve intacts de nombreux témoignages de l’action des princes de Monaco, dans son architecture notamment : la basilique Saint-Michel et sa chapelle dédiée à sainte Dévote, le palais Grimaldi de la rue Droite, le bastion du port érigé au XVIIe siècle sous Honoré II, la voie du Prince Antoine 1er ouverte au début des années 1720 et reliant Monaco à Carnolès (l’actuelle route nationale en reprend en partie le tracé), le palais Carnolès enfin, ancienne résidence d’été du même Antoine 1er et fleuron de nos musées de par l’harmonie de ses proportions et la richesse de ses collections de peinture.
Lorsqu’en mars 1949 le Prince Rainier III succéda à son grand-père Louis II, la Principauté se trouvait confrontée à de graves difficultés économiques et financières après quatre longues années de guerre.
Comme ses prédécesseurs Grimaldi, le nouveau souverain sut véritablement anticiper sur l’avenir. En ces années d’immédiat après-guerre où le tourisme connaissait un fort déclin consécutif à une crise hôtelière majeure, le gouvernement princier dut songer à de nouvelles ressources pour faire vivre la Principauté.
Il fallut d’abord créer une industrie locale capable de fournir des emplois aux résidents de Monaco et habitants des communes limitrophes, lesquels trouvaient jusqu’alors dans l’hôtellerie, des débouchés assurés. Virent alors le jour des entreprises de haute technologie en site propre, des industries pharmaceutiques diversifiées, et des laboratoires de recherche hautement performants dans des secteurs aussi variés que la plasturgie, la mécanique, la chimie, l’industrie alimentaire, etc... Les activités du secteur tertiaire, comme les services financiers et bancaires connurent un essor tout aussi remarquable.
Confronté à l’exiguïté du territoire de la Principauté d’alors (1,5 km² à peine), S.A.S. le Prince Rainier III opta dès 1961 pour des solutions urbanistiques absolument innovantes qui allaient permettre d’augmenter le territoire monégasque de la façon la plus pacifique. La mise en souterrain du chemin de fer libéra de précieuses surfaces constructibles, et des emprises successives sur la mer donnèrent naissance au quartier de Fontvieille, en partie dédié à l’implantation de nouvelles industries et sociétés du tertiaire, fortement génératrices d’emplois (le prince poursuivait ainsi les premiers travaux menés par son grand-père à Fontvieille, zone qui avait été partiellement gagnée sur la mer dès avant la première guerre mondiale).
Par ailleurs, si la construction d’immeubles de grande hauteur a été souvent mal perçue à Monaco même et dans les environs, quelle autre alternative y avait-il alors ?
Le boom immobilier des années 1960-1970 fut donc bien le facteur déterminant de l’essor économique de la Principauté, et, dans son sillage, des communes voisines : près de 40.000 personnes travaillent aujourd’hui à Monaco, dont 28.000 Français venant des départements voisins. Comme l’ont souligné tous les élus locaux, Monaco génère ainsi un bassin d’emploi primordial pour toute une région allant de Vintimille à Nice et même au-delà. Des salaires généralement supérieurs à ceux du pays voisin, une protection sociale équilibrée et très favorable aux salariés, un système de retraite performant, et une qualité de vie professionnelle enviable, sont autant d’attraits pour la recherche d’un emploi en Principauté.
56 ans de règne, 56 ans de prospérité, non seulement pour Monaco, mais pour toute la région.
Pendant plus d’un demi-siècle, S.A.S. Rainier III fut donc le « Prince bâtisseur » par excellence, mais ne conserver de lui que cette image est assurément réducteur.
A l’instar de son prédécesseur et grand océanographe Albert 1er, le souverain a largement investi dans l’écologie et le développement durable, bien au-delà des frontières de sa petite Principauté, par le biais du projet RAMOGE notamment (de Saint-Raphaël à Gênes), qui œuvre pour la protection des espèces menacées en Méditerranée et la création d’espaces naturels protégés.
Grâce au Prince Rainier, Monaco est partie prenante dans maints projets de coopération auprès de pays s’étendant autour du bassin méditerranéen : la sauvegarde de la Méditerranée, notre mer commune, n’est-elle pas l’affaire de tous ceux qui vivent sur ses rivages, les générations d’aujourd’hui travaillant au bien-être des générations de demain ?
Dans le domaine culturel enfin, les habitants de Menton gardent en mémoire l’intérêt constant du souverain pour la sauvegarde du palais Carnolès, et son appui bienveillant en faveur de l’une des grandes manifestations de la vie de la cité qu’est le Festival de Musique.
Que le S.A.S. Prince Albert II, la Famille Souveraine et les Monégasques trouvent ici la marque de l’attachement des Mentonnais pour la haute et belle figure du Prince Rainier III.
Inès et Claude PASSET
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