Société d’art et d’Histoire du Mentonnais
« Voici revenu le temps des châtaignes ! » en Français

« Vaquí torna ou temp de castagne ! » en mentounasc

jeudi 29 novembre 2018 par Jean-Louis CASERIO

Voici revenu le temps des châtaignes...Efforts pour aller les ramasser dans les châtaigneraies mais aussi plaisir de la première grillade et aussi plaisir de les manger le soir à la veillée.Retour ligne automatique
Un texte de Jean-Marc RABIER (IEO-06) et la revirade en mentounasc de Jean-Louis Caserio nous font partager ces moments de plaisir sans fin...

VAQUÍ TORNA OU TEMP DE CASTAGNE !
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Vaquí torna ou temp de castagne... ou bélou autoun nou pouarta dame pieijhé e douroù aquela frucha tante gustousa. Pieijhé de manja-re a sera pèr a velhada, roustìe o bulhìe ! Sfouarse d’anà amourouna-re enta castagnéa ! Douroù d’esse pougnù u dé ent’e spine du airisse ! Carìa davarà ent’u bouasque pèr cercà-re souta e fuelhe du castagnìe, jaune, dauràie e negre que curbìan a terra ‘jà freda ! « Defouara ! » se sentìa crià de tant en tant tra u erbou. U vesì ! Nou’ vourìan à vé u enfante dou païs viroundà e frougougnà ent’u castagnìe ! « I san de castagne pèr tout ou moundou ma cada-un a soua castagnéa ! » desìa moun paigran.
De retorn a casa, se preparava a prima castagnada.... durbì dam’ou couté cada castagna pèr sourlevà a pél, cercà e neteà a paéla castagnéra, ben pertusàia e ben négra, anà à cercà de bousc ent’a bousquiéra pèr ou primou fueg que fa tant de fum pèr fa suà) e pourtà dau found da vigna e tralhe seque de r’ann passà...
A sera arribava e dam’ ella ou moument d’ascende ou fueg. Ou paire e nautre enfante s’arrecampàvan a r’entorn da chaminéa e a ceremònia pourìa coumençà. A paéla era metuha sus ou trepé. Dejà i avìa e tralhe e e branquete de bousc qu’asperàvan ou sacrefici.... Ou fueg ascendù, ou fum mountava pian-pian en l’aira e envahissava tout a casa. A maire rougnava ! ent’u uélhe e làgrime venìan ! Ma ‘jà e fiame atourniavan a paéla couma mile ma de fueg que balavan un brandi de masque una nuéch de luna piéna. Carìa boulegà pran de vote e castagne pèr noun fa-re cremà. Miéj-oura aprèss tout éra cuéch e venìa ou moument de vuhia-re ent’una banastra cuberta d’un sac, ou stoufa-castagne. Paire e paigran desìan a un du pichoù, d’una vousa de maïstre, d’asseta-se soubre pèr fa-re ramoulì e fenì de couase. Una batalha a cada còu pèr cerne l’aurous elegì que se scauderà ou cu assetà sus’ aquelou sede aut e caud !
A banastra pausàia sus’ a taura, puhi duberta pauc à pauc d’una man douça, tout ou mondou s’arrecampava a l’entorn pèr manjà ou tesorou dau bouasc. Que pieijhé ! E que douroù de bruja-se u dé dam’a pél roustìa e brujenta ! Pieijhé e douroù, vou desìa a ra debuta.... Un pieijhé de ìer e un pieijhé d’ancùi. Un pieijhé pèr deman. Un pieijhé que noun se scouarda, que s’aspéra cada autoun. Un pieijhé qu’ese retornà un an de mai... Una cahena n’ou temp. Pieijhé sensa fen. Pieijhé…
revirada Jean-Louis Caserio, Félibre Majoral
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VOICI REVENU LE TEMPS DES CHÂTAIGNES !
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Voici revenu le temps des châtaignes... le bel automne nous apporte avec plaisir et douleur ce fruit si délicieux. Plaisir de les manger le soir à la veillée, grillées ou bouillies ! Efforts pour aller les ramasser dans les châtaigneraies ! Douleur en se piquant les doigts aux épines des bogues ! Il fallait descendre dans les bois pour les chercher sous les feuilles des châtaigniers, jaunes, dorées et brunes, qui recouvraient la terre déjà froide ! « Dehors ! » on entendait crier de temps à autre entre les arbres. Les voisins ! Ils n’aimaient pas voir les enfants du village rôder et farfouiller dans les bois ! « Il y a des châtaignes pour tout le monde mais à chacun sa châtaigneraie ! » disait mon grand-père.
Revenus à la maison, on préparait la première grillade... ouvrir au couteau chaque châtaigne pour en soulever la peau, chercher et nettoyer la poêle à châtaignes, bien trouée et si noire, aller chercher du buis dans les massifs pour la première flambée (celle qui dégage beaucoup de fumée pour les faire suer) et rapporter du fond de la vigne les sarments bien secs de l’année dernière). La soirée s’avançait et venait avec elle le moment d’allumer le feu. Mon père et nous les enfants, nous nous rassemblions autour de la cheminée et la cérémonie pouvait commencer. La poêle était placée sur le trépied. Dessous il y avait les sarments et les rameaux de buis qui attendaient le sacrifice.... Le feu allumé, la fumée montait doucement dans l’air et envahissait toute la maison. Notre mère rouspétait ! A nos yeux, les larmes venaient. Mais déjà les flammes entouraient la poêle comme mille mains de feu qui dansaient une ronde de sorcières une nuit de pleine lune. Il fallait souvent les remuer afin qu’elles ne brûlent pas. Demi-heure après tout était cuit et venait le moment de les verser dans une corbeille recouverte d’un sac de jute. Père et grand-père disaient d’une voix magistrale à un des enfants, de s’asseoir dessus pour les faire ramollir et en achever la cuisson. Une bataille à chaque fois pour choisir l’heureux élu qui se chaufferait le cul assis sur ce siège haut et chaud !
La corbeille posée sur la table, puis ouverte petit à petit d’une main délicate, tout le monde se rassemblait autour pour manger le trésor du bois. Quel plaisir ! Et quelle douleur de se brûler les doigts à la peau grillée et brûlante ! Plaisir et douleur, vous avais-je annoncé au tout début... Un plaisir de hier et un plaisir d’aujourd’hui Un plaisir pour demain. Un plaisir qui ne s’oublie pas, qu’on attend à chaque automne. Un plaisir revenu un an de plus. Une chaîne dans le temps. Plaisir sans fin. Plaisir...
Jean-Marc RABIER (IEO-06)


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