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Ou supà-gross dou Cacha-fueg
Noël traditionnel…
OU SUPÀ-GROSS DOU CACHA-FUEG
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Ou supà-gross fasìa radounà tout a familha pèr ou Cacha-fueg avant d’anà a messa de mieja-nuech. U envità eran pran numerouse dame tout’u pichoù. Aquelu eran u ré da festa. I è quarqu’ u anne fà, avant d’entaura-se, ou pu jouhe da familha pilhava una branqueta d’aurevìe bagnàia ent’un gouat de ven vielh, s’apressava da chaminéa e fasìa ou segn da crousa en disent : « Pèr a benedician d’aquesta ramouriva, ou mà s’en va e ou ben arriba ! »
Puhi, bevìa una stissa d’aquestou ven e dounava a coupa à tout’a familha recampàia à r’envirou dou fugairan en coumencent pèr ou pu vielh. Pèr fenì, piaçava sus’a taura ou « Pan de Natale ». Un pan rehoun dame quatre noase soubre en fourma de crousa. Aquelou pan stasìa fint’a r’Epifanìa pèr proufetà aboundença e prousperità.
Pilhavan apress ou past e carìa méte sempre ou toundou dou paure. Aquelou past maigre, avìa sete prate : brandaminchan, cardou, célarou, tian de suca o de biéa, paste lasagne en memòria de sete piague de Jesù-Cristou. Pèr fenì, avìan u treze douçoù (sìe fruche seque e sìe fruche fresque e a fougassa), pèr fà pensà ente Jesù e u se douze apòstouli.
Metìan tout acò susa tre toualhe de festà, una pèr ou supà dou 24, una pèr ou past dou 25, e a tersa pèr e soubrìe dou 25 de sera, e magarra pèr ou 26 à mieji-jorn.
D’un temp, u pichoù mentounasque rechevìan du se pairen e mairine de pastissoù en fourma de bugata (pèr e filhe) e de gal (pèr u garçoù). Eran fache de ço qu’assoubrava da pasta da fougassa. Dame de batoualhe i fasìan a bouca e u uelhe e i metìan tamben susa de fenoulhete. Se ragalavan ent’u enfante de mouscardin : soarte de chapelete fache de grane de couriandri e de pasta sucràia. Dam’ou Valenten au gust de mahoussa muscada, ou ven dou Bamben, ou poueta cantava un vielh Natale :
« O tu, pèr camì e pèr vale, Pèr ou pàure, ou ric a mouroù, siegue benedet, ô Natale, festa du grane e du pichoù ! »
Nou’ se mancava nan de souhetà-se un ban Natale e « à l’an que ven, se nou’ i sema de mài que nou’ siegan pa de menou ».
Apress ou primou còu da campana qu’anounçava a messa de mieja-nuech, u enfante metìan ou fueg ent’a bousquiéra. Pèr ou segound còu Sant Isidorou picava e sounava a gent à San-Miqué. Ent’a guieijha, ou corou cantava « Mieja-nuech, crestìan, ese r’oura souleina ».
… Ban Cacha-fueg à toute !
Recueilli par Jean-Louis Caserio
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LE GROS-SOUPER DU RÉVEILLON
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Principale réunion de famille, le Gros Souper se situe au cours de la veillée, avant de se rendre à la messe de minuit. Le nombre de convives est d’autant plus considérable qu’en cette circonstance les tout-petits ne sont pas exclus. Loin d’être tenus à distance, ils sont les rois de la fête. Il y a quelques décennies encore, avant de se mettre à table, le plus jeune de la famille prenait un rameau d’olivier, le trempait dans un verre de vin vieux, s’approchait du feu allumé dans la cheminée et y traçait le signe de la croix en prononçant les paroles : « Par la bénédiction de ce rameau d’olivier, que le mal s’efface et le bien règne ! »
Puis, il buvait un peu de ce vin et passait la coupe à tous les membres de la famille réunie autour de l’âtre en commençant par l’aîné. Enfin, il plaçait sur la table le « Pain de Noël ». C’était un pain rond sur lequel étaient disposées quatre noix en forme de croix. Il restait sur la table jusqu’à l’Epiphanie, gage d’abondance et de prospérité.
On prenait ensuite le repas, en ayant soin de réserver un couvert pour un pauvre. Il s’agissait d’un grand repas maigre, composé de sept plats : brandade, cardes, céleri, gratin de courge ou de blette, pâtes lasagnes (appelées les langes de Notre Seigneur) en souvenir des sept plaies sacrées de Jésus. Venaient s’y ajouter les treize desserts (six fruits secs et six fruits frais et la fougasse), réminiscence de Jésus et de ses douze apôtres.
On disposait le tout sur les trois nappes de fête, une pour le gros souper du 24, une pour le repas du 25, et la troisième pour les restes le 25 au soir, voire le 26 à midi.
Enfin, mais ce n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir : les petits mentonnais recevaient de leurs parrains et marraines des gâteaux en forme de poupée (pour les filles) et de coq (pour les garçons). Ces gâteaux étaient confectionnés avec le surplus de la pâte de fougasse. Des dragées formaient la bouche et les yeux. Le corps de ces friandises était parsemé de grains d’anis sucrés. On offrait aussi aux enfants les « Muscardins ». Ces bonbons étaient en réalité des graines de coriandre enduites d’une pâte sucrée. Grâce au Valentin sublime au goût de fraise muscade, le vin de l’enfant Jésus, le poète chantait un vieux Noël :
O toi, par routes et par vallées, Pour les pauvres, les riches à monceaux, Sois béni, ô Noël, Fête des grands et des petits !
Et l’on n’oubliait pas de se souhaiter « un bon Noël, et à l’an prochain, si nous ne serons pas plus nombreux, que nous ne soyons pas moins ! » et espérer tous se retrouver l’année suivante.
Après le premier coup annonçant la Messe de minuit, les enfants mettaient le feu au bûcher. Pour la deuxième fois Saint Isidore résonnait et appelait les fidèles à Saint-Michel. Dans la grande nef, les chœurs entonnaient « Minuit, chrétiens, c’est l’heure solennelle ».
… Et bon Noël à tous !
Jean-Louis Caserio, Majoral du Félibrige
Jean-Louis CASERIO
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