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« Les pierres et les murets » par Jean Raybaut
SA COUÒLA D’AU CASTILHOÙN…
PEÌRAS E MURÀGNES
Cour’ es omes soun vengùs sa couòla d’au premiér Castilhoùn, tout ço qu’an vist noun devìa esse que de ribas cubertas d’arbous (éuse, rouhe, calpre, biàe, brout-de-vehèl, counfrìn, quarque càes) e tout aquele piantas que vénoun souta es arbous : baràgnas, ginèsts, escoubas, vencélhas, endre, grata-cur, bouòssou). En d’autres luëucs ren noun venìa : tout éra cubèrt de peiras gròssas que noun se pourìa boulegàr e d’autras pu pichinas. D’oùn pourrìan anàr per far venìr un pau de grann ?
Pénsou, que avànch tout, an talhà es àrbous : coum acò pourrìan far de fuëc, s’escaudàr, couòse ço que devìan manjàr e dau méme còu fasìan de piassa per far venìr grann, avéna, uërdi o séghe.
Ma, de terra ni n’éra gaire : ou vent e l’aiga l’avìan tout’ estirassàia ent’ ou valoùn. Aloùra, an coumensà per cernàr e peiras : e grossas d’un coustà, e pichìnas da l’aùtre. Pi en fach de muràgnes, gaire auts, dam e grossas denàn, muràgnes que fasìan tenìr drech dam’e pichinas que metìan dariér. Pi anàvan cercàr à terra doùn in era de tròu (en le valouns) : na coùfa piena de terra sa testa, e frémas iempissàvan ço qu’anàva esse ‘na faisha. E aqués premiés Castilhounéncs an cubèrt de faìshas tout e couolas da coumuna. Quarqu’ùn que passa, pouòr sempre vèire souta e baragnàs un toc de bouìra que ten drech despì qù sa cant… Pi, coura pu degun na fach venir de grann, coura e paisàns soun caràs « en vìla », coura n’an pu ren semenà, ou jerp a tout cubèrt e es àrbous soun revengùs.
Se pouòr dire que fa douos o tre mile ans qu’e couòlas de Castilhoun n’avìan counouishù tant d’arbous…
(parlar castilhounenc)
Jean Raybaut
LES PREMIERS CASTILLONNAIS
LES PIERRES ET LES MURETS
Quand les premiers hommes sont venus sur la colline du premier Castillon, tout ce qu’ils ont vu ne devait être que des pentes couvertes d’arbres (chêne-verts, chêne rouvre, charme, sycomore, alisier, érable, quelques genévriers) et toutes ces plantes qui poussent sous les arbres : ronces, genêts, genêts-balai, clématites, lierre, églantiers, aubépine). En d’autres endroits rien ne poussait : tout était couvert de pierres grosses qu’on ne pouvait remuer et d’autres plus petites. Où pouvaient-ils faire pousser un peu de blé ?
Je pense, qu’avant tout, ils ont coupé les arbres ; ainsi ils pouvaient faire du feu, se chauffer, cuire ce qu’ils devaient manger et en même temps ils obtenaient de la place pour cultiver blé, avoine, orge ou seigle.
Mais, de la terre il n’y en avait guère : le vent et la pluie l’avaient entraînée dans les vallons. Alors ils ont commencé par trier les pierres : les grosses d’une part, les petites de l’autre. Puis ils ont élevé des murets pas très hauts, avec les pierres les plus grosses, murets qui tenaient debout grâce aux petites placées derrière... Puis ils allaient prendre la terre où il y en avait trop (dans les vallons) : une couffe de terre sur la tête, les femmes remplissaient ce qui allait devenir une planche. Et ces premiers Castillonnais ont couvert de murs toutes les collines de la commune. Quelqu’un qui passe peut toujours voir sous les ronciers un morceau de mur qui tient debout depuis qui sait combien de temps… Puis, quand plus personne n’a cultivé de blé, quand les paysans sont descendus en ville, quand ils n’ont plus rien semé, la jachère a tout recouvert, et les arbres sont revenus.
On peut dire que cela fait deux ou trois mille ans que les collines de Castillon n‘avaient connu autant d’arbres…
Jean Raybaut
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