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Sobriquets roquebrunois : Cashoun, cashetta, pouortalaié
BLASONS POPULAIRES…
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Un blason, à l’origine, est un terme héraldique désignant un écu armorié servant à reconnaître les membres d’une famille titrée ou non car, pour avoir un blason, il n’est pas nécessaire d’être noble.
Un blason populaire est défini par le Larousse comme un « ensemble de sobriquets individuels ou collectifs dénonçant vertus, défauts ou caractéristiques d’une manière plus parlante que le nom propre ». Pour Arnold van Gennep, le terme convient seulement aux sobriquets collectifs. Il fut utilisé pour la première fois en 1859 par Auguste Canel et depuis lors tous les folkloristes français l’on adopté.
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SOBRIQUETS ROQUEBRUNOIS : CASHOUN, CASHETTA, POUORTALAIÉ
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Au XIXe siècle, on avait surnommé les Roquebrunois cashoun, pour les hommes et cashetta pour les femmes. Mais d’où vient cette appellation, ce sobriquet collectif ?
La réponse nous est fournie par l’historien Claude Passet dans un article : « Une pièce à conviction de l’affaire de la cassette, à Roquebrune (1819) paru dans les Annales monégasques, n° 33 de 2009.
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L’affaire de la cassette est une histoire rocambolesque qui défraya la chronique locale en 1819. Elle mit en scène le curé de Roquebrune, Jean-Baptiste Otto, et prit une ampleur démesurée. Elle occupa ainsi les Cours de Monaco et de Turin, leurs tribunaux, le Sénat de Nice, le Ministère des Affaires étrangères de Paris.
Le 22 janvier 1819, le curé Otto d’après une inspiration prétendue du Saint Esprit qu’il a eue dans la nuit, se rend secrètement avec le clerc de la paroisse à la grotte Dragonara (barma della Dragoniera) pour y récupérer une cassette marquée par 3 gouttes de sang.
Les habitants accourent et se prosternent devant la cassette sacrée qui contient des « révélations » apocalyptiques gravées sur des plaques de plomb…
Mais une enquête permet de s’apercevoir que le sang n’est que du cinabre. Le curé, interrogé, finit par avouer à l’évêque de Nice qu’il n’est qu’un faux prophète. Tout cela n’est qu’une absurde mystification, déclare le Prince Honoré V, l’ouvrage de quelques fourbes qui ont cherché à faire des dupes…
Le curé Otto, l’inspiré, vécut encore 40 ans, ayant perdu l’estime de ses paroissiens et leur confiance. Cette « affaire » de « casha », conclut Passet, valut depuis aux Roquebrunois le surnom de « cashoun » pour les hommes et « cashetta » pour les femmes.
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Mais ce n’est pas le seul surnom que portaient les Roquebrunois. En effet, il y a bien longtemps, les Monégasques les avaient traités de pouortalaié, un terme démodé, strictement roquebrunois, et qui avait provoqué l’ironie des voisins. Selon Cappatti et Eynaudi dans leur Dictionnaire de la langue niçoise : pouortalaié serait un porteur de sac. Le laié, désignait alors un grand sac en toile, muni à son ouverture d’une sorte d’entonnoir en toile aussi et qui servait à transporter le blé ou la farine. Sa capacité était de plusieurs rub. On retrouvait ce sac à entonnoir dans la Haute Tinée, vers la fin du XIXe siècle…
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Que reste-t-il aujourd’hui de ces blasons populaires dans la mémoire collective des Roquebrunois ?
Recueilli par Jean-Louis Caserio
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STRANOUM ROCABRUNASC : CASHOUN,CASHETA, POUORTALAIÉ
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Au XIXe sécoulou, aven stranoumà u rocabrunasc cashoun, per u ome e casheta, per aï frema. Ma douna ven aquesta apelacioun, aquest stranoum coumun ? A respouasta è dounà a nourautre da ou stὸricou Claude Passet dintre un artìcoulou : « una peçà a counvicioun de l’afaire d’a casheta, a Rocabruna (1819) pareshù dintre « Les Annales monégasques ».
L’afaire d’a casheta è una stòria straourdinària qu scandalisava a poupulacioun en 1819.Councernava ou curatou de Rocabruna, Jean Baptiste Otto, e s’amplificava terrὶblement. Oucupava ashen aï court de Mounigou e de Turin, aï sὶe justὶcia, ou Senat de Nissa, ou Ministerou de afaire fourestière de Paris. Ou 22 genarou 1819, ou curatou Otto pretenden d’aprés una enspiracioun dou Spìritou-Sant dintre a nœch, se rende secretament dame ou sacristan de la parrὸquia a la barma de la dragonièra per i pilhà una casheta marca da tre stissa de sang. U abitant venivoun vitou e se prousternavoun davanch a sacràia casheta qu countene de revelacioun apocaliptique entalhe susa de placa de pioumb. Ma una enquesta permete de veire que ou sang noun è que de tintura rouss. Ou curatou, enterrougà, feni per counfessà a ou vescou de Nissa que noun è qu’un fauss proufeta. Tout acὸ noun è qu’una stùpida mistificacioun, desquiara ou Prìncipou Honoré V, l’obra de quarque facha-faussa qu an cercà à faire de engann…
Ou curatou Otto, ou lumenà, a vive encara quaranta an, avent per a stima de u se parrouquian e aï sìa counfiença. Aquesta afaire de « casha » a counclude Passet, a coustà despù a u Rocabrunasc ou stranoum de « cashoun » per u ome e « casheta » per aï frema.
Ma noun è ou souret stranoum que pourtavoun u Rocabrunasc. En fach, i ìe proun de temp, u Mounegasc u avioun stranoumà de pouortalaié, una paraula passà de moda, unicament rocabrunasc e qu avìa sfidà l’irounìa de vesin. Segoundou Cappatti e Eynaudi dintre u sen « dictionnaire de la langue niçoise » pouortalaié serìa un camalou de sac. Ou laié significava aloura un gran spourtin dame a sìa dubertura una forma de boutahoù en tera tamben e qu serviava a traspourtà ou gran e a farina. A sìa countenença era de proun de rub. Se retrouvava aquest spourtin a boutahoù dintre « la Haute Tinée » vers a fin dou XIXe sécoulou… Ҫo que resta ancuhe de aquest blasoun populari dintre a memὸria de tout u Rocabrunasc.
Note : 1 rub équivaut à 8 kg.
Revirada en rocabrunasc da U Chacharoun Rocabrunasc
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Proverbe roquebrunois :
Cada-un sa ço que bulhe n’a sìa pignata (chacun sait ce qui bout dans sa marmite)
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Quelques sobriquets collectifs
Menton : u manja-papìe
Gorbio : i neblat
Sainte-Agnès : u gaïné
Castellar : i massa francese
Grimaldi : u Figoun
Sospel : i durgans
La Turbie : lu tubanéu, manja-bachela
Eze : lu babi
Jean-Louis CASERIO
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