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La porteuse de citrons en 1880
LA PORTEUSE DE CITRONS EN 1880
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Les porteuses de citrons se ressemblent toutes, elles sont généralement très jolies. Qu’elles s’appellent Laurentine, Jeanine ou Pipine, c’est toujours la porteuse de citrons, la grande belle fille au regard franc et honnête. Deux beaux yeux brillent à l’ombre d’une gracieuse capeline. Des cheveux noirs abondants et bien plantés, puis au dessus de l’oreille une petite branche de jasmin ou un bel œillet rouge.
Dans les rues, des gamines de 5 à 6 ans portent sur la tête, un petit panier, un paquet de linge ou quelque fagot… Savoir porter sur la tête, c’est la première chose qu’une vraie Mentonnaise doit apprendre à sa fille. On les exerce de bonne heure, ces gamines-là sont les porteuses de citrons de l’avenir !
Etre gracieuse et jolie, c’est déjà beaucoup, mais cela ne suffit pas pour être porteuse de citrons, il faut encore être robuste et bien bâtie. Il faut avoir des reins d’acier, des bras nerveux et des jarrets solides. La Mentonnaise porte tout sur sa tête. Le poids des corbeilles pleines de ces beaux citrons dorés, qui sont une richesse du pays, est considérable.
Après un instant de repos, les porteuses de citrons reprennent leur course, car elles ne marchent pas, elles courent, cette course imprimant à leurs hanches un mouvement lascif qui rappelle les danses mauresques africaines.
Braves et courageuses elles ne boudent pas au travail, dès l’aurore, à l’ouvrage !
Les charrettes chargées de paniers de fruits viennent se vider dans de vastes magasins où s’accumulent des montagnes de citrons.
Mais voici l’angélus qui sonne au clocher de la paroisse. Tout le Menton travailleur s’arrête. C’est midi ! C’est l’heure du repas. La porteuse de citrons est frugale, elle va s’asseoir avec ses collègues à l’ombre des citronniers et sur une nappe de verdure on prépare la crousta, qui consiste en un bon morceau de pain avec un peu de salade, une tomate et du maquet, le tout arrosé d’huile d’olive. Deux heures de repos pendant lesquelles on cause, on rit, on chante quelque ronde ou quelque vieille ballade mentonnaise, puis on se remet à l’ouvrage jusqu’au soir.
Gustave Labourt
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A FAQUINA DE LIMOÙ MENTOUNASCA
Ou journalista Gustave Labourt tenìa una crònica ent’ou Journal de Menton. I fasìa ou pourtré du persounage tìpiqui da vila. Aishì, ou primou de nouvembre 1880, a camala de limoù a augù r’aunoù da soua puma.
E camale de limoù se semelhan toute, san generalament pran bele. Acò san sempre de filhe granne bele dam’un regard franc e ounest. D’ uelhe belu lùsan à r’oumbra d’una capelina graciousa. De cabelhe negre aboundente e ben piantà, puhi au soubran de r’aurelha una pichouna branca de jaussemen o un ganéfarou belou rouss.
Ent’ e carriere, de pichoune de 5 à 6 ane poartan sus’a testa, un cavagnet, un paquet de linge o quarque faishe… Sabé pourtà sus’a testa, es a prima causa qu’una vera Mentounasca se déu d’emparà à soua filha. San avessàie de boun’oura, aqueste garçounete que san e faquine de limoù de deman !
Èsse graciousa e bela, acò ese ‘ja pran ma pèr èsse camala de limoù car encara èsse roubusta e ben bastìa. Car avé de rene en acìe, de brasse nerviouse e de cambe soulide. Ra Mentounasca poarta tout sus’ a testa. Ou pes de couarbe piene de ‘stu limoù belu daurà, que san una riquessa dou païs, ese pran grann. Apress un moument de repaus e camale de limoù repilhan a soua coursa perqué noun caminan, courran, dam’un mouviment de anque, un boulegament eròticou que rapela u balete de freme more africane.
Brave e couragiouse noun fan ou mourre au travalh fint da ou levà dou jorn. E carrete carregàie de coarbe vénan vuhià-se dintre de masaguì largue dounà s’amourounan de mountagne de limoù.
Mà, r’avé-marìa pica s’ou campanen. Tout ou moundou s’arresta. Ese meji-jorn ! Ese r’oura dou diernà. A camala de limoù que se nourrishe de poc e legerament, va assetà-se dame u se coulegue à r’oumbra du limounìe e susa ’na toualha de verdura s’alestìshe a crousta : un ban toc de pan dame un poc d’ensarata, una toumata e de maquet, e tout’acò aigà d’ueri d’auriva. Doue oure de repaus pèr chacharounà, fa-se d’arrì, e canta quarque brandi o quarque cansan antiga, puhi car repilhà-se r’obra fint’ a sera.
Revirada Claude Lévêque, félibre mentounasc
Claude Lévêque
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