Société d’art et d’Histoire du Mentonnais
La revue « Ou Païs Mentounasc » de la SAHM

7 - Histoire d’eau à Castillon...

un texte de Jean Raybaut qui est dans le PM 173
jeudi 30 avril 2020 par Jean RAYBAUT

HISTOIRE D’EAU…
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L’eau a, depuis longtemps, posé bien des problèmes au village de Castillon : captage, distribution et surtout rareté ; autant de questions auxquelles nos anciens ont souvent eu du mal à répondre.
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Curieusement, les points d’eau étaient nombreux sur le territoire de la commune mais leurs caractéristiques très diverses. Certains étaient fort éloignés et leur exploitation était difficile et coûteuse, d’autres très voisins mais avaient un débit trop faible ou irrégulier, d’autres encore naissaient bien trop bas et les moyens de refouler l’eau jusqu’au village étaient trop onéreux.
L’alimentation des habitants du village étant principalement à base de végétaux, on comprend l’importance de l’eau. Dans nos régions, le climat imposait une irrigation fréquente pour espérer une récolte suffisante. Captage, distribution, répartition, autant de problèmes à résoudre. Certes le travail était important mais là, nos anciens avaient la réponse : une force, une robustesse incroyables, un labeur acharné « d’une étoile à l’autre » disait-on…
Nous n’avons pas, hélas, de textes, de plans, relatifs à l’irrigation. Seule était utilisée la transmission orale Pourtant, devant la rareté voire la pénurie de l’eau, et son importance tant pour l’agriculture, pour l’élevage mais également pour les activités humaines, nos anciens ont été conduits à établir un « style » de vie.
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Dès leur installation sur cette arête rocheuse, les premiers Castillonnais ont dû visiter, inspecter tous les environs afin de repérer et situer la moindre résurgence de ce précieux liquide. Ils enregistrèrent aussitôt les caractéristiques de chacun : situation (en terrain privé ou communal…) importance, caractéristiques du débit, peut-être même goût, saveur, température…
Ainsi, ils purent recenser 31 points d’eau mais ce nombre apparemment important ne permettait pas le moindre gaspillage. Ces points d’eau déterminaient bien sûr le lieu où étaient cultivés les légumes parfois assez loin du village.
Quand cela était possible un petit réceptacle était bâti : simple petite retenue qui créait une « louona » d’où partaient des canaux dirigeant l’eau vers les terres à arroser, parfois simples bassins de terre enduite d’argile (« naich ») ou alors beau bassin de pierres maçonnées : « pesquiera »
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Les propriétés étant diverses, certains habitants avaient la chance d’avoir des points d’eau sur leurs propres terres. D’ailleurs au moment des partages, les lopins arrosables étaient traités à part pour que chaque héritier dispose « d’ouort » pour satisfaire au besoin impératif de légumes frais. Cette pratique entraînait un découpage délicat des parcelles souvent très réduites. D’autres utilisaient l’eau « commune » et cela donnait lieu à l’établissement d’un règlement particulièrement minutieux pour garantir l’équité. Ce règlement était élaboré lors d’une réunion de tous les usagers du même point d’eau. Le temps d’arrosage accordé à chacun était établi en fonction de la surface à irriguer. Autant dire que les tractations étaient nombreuses et les débats souvent animés.
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Intervient alors un personnage haut en couleur « Barba Paulin » (homme à tout faire de la commune : sacristain, cantonnier municipal, responsable des points d’eau, etc …). Tous les jours, il inspectait les 3 fontaines du village. L’hiver, il veillait à dégivrer les robinets à l’aide d’une pomme de pin enflammée et, par temps chaud, il limitait le débit afin de répartir la pénurie.
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Dans le village, aucune maison n’avait « l’eau courante ». Les habitants se servaient donc aux 3 fontaines du village et on peut encore voir la voûte de la première et son lavoir au col de Castillon, au fond de la place, sous le fort … Serait-elle devenue « propriété privée ? ». La seconde au lieu-dit « Sou Serre » est à l’aplomb du tunnel du col. La troisième est au quartier dit « La Galerie », c’est-à-dire à l’entrée du tunnel.
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L’eau était donc une ressource précieuse qui devait être gérée minutieusement au mieux des intérêts de tous.
Gaspillage interdit. ...
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Jean Raybaut


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