Henri Raimondi dit « Gadon » - Enric Raimondi stranoumà « Gadoun »

AU PAYS DE GORBIO
.
HENRI RAIMONDI DIT « GADON »
.
Un de mes dessins inspiré d’une photo de Jilly Bennett représente Henri Raimondi dit « Gadon », dans une rue du vieux village où il possédait plusieurs maisons et caves dans lesquelles il accumulait toutes sortes de choses, mentalité des anciens : ne pas jeter…Ça peut servir !
Vous n’avez pas oublié sa silhouette le long des routes, courbée par toute une vie de labeur. Cet homme m’a toujours inspiré beaucoup de respect car il se dégageait de lui plus de dignité que chez nombre de parvenus et de m’as-tu-vu, même lorsqu’il dormait, couché sur le sol, dans une cave en face de la mairie…
J’ai aimé parler avec lui…De lui, j’ai beaucoup appris de Gorbio, de son passé, de son histoire : la grande et la petite.
Un soir de Noël, après la messe de minuit, nous étions quelques-uns avec Henri, en face du vieux four à pain, sous la voûte des Malaussene, devant une bouteille de Branda et une fougasse à l’anis. Nous sommes restés jusqu’au bout de la nuit à l’écouter nous raconter Gorbio, ponctuant chaque phrase de son petit rire particulier qui accompagnait les histoires gaies et relativisait les histoires tristes ou sordides ! Il nous a parlé de ses vaches, de son taureau et de ses mulets avec lesquels il se louait pour faire du transport dans toutes les communes environnantes… Il nous a parlé de ses campagnes, de ses plantations, de ses conflits de voisinage qui tournaient toujours autour de la question des droits d’eau…Avec un sourire figé sur son visage, il s’est endormi sur la table. Henri pouvait dormir partout et en toutes saisons. Nous l’avons laissé là, la tête résonnante d’histoires aux accents de légendes et de vapeurs de Branda, sachant bien qu’au petit jour, il s’en irait à pied par les routes, son sac sur le dos, en direction du marché de Beausoleil.
Michel Isnard
.
ENRIC RAIMONDI STRANOUMÀ « GADOUN »
.
Ai fach un dessegn, couma ou fagou quarque vote, d’una fotografìa de Jilly Bennett que rapresenta Enric Raimondi stranoumà Gadoun, ent’una carriera dou paisot vielh douna avìa tante case e cantine douna amourounava tout’e souarte de cause, mentalità du vielhe : noun car jetà ren, nan…pouhe sempre siervì !
Da segù n’avé desmentegà ra soua siloueta s’u camì, piegàia da tout una vita de travalh. Aquel’ome m’a sempre enspirà pran de respet perqué se desempegnava d’elou mai de degnità que da chertu pervengù o smourfiouse, fint coura durmìa, courcà en terra, ent’una cantina en facha da merìa…
Me counvenìa ben de parlà dam’elou… D’elou, ai pran emparà susa Gouarbe, ou sen passà, a soua stòria : aquela granna e tamben a pu pichouna.
Una nuech de cachafueg apress a messa de miejanuech, éran quarqu’ù dame Enric, en facha dou fourn pèr ou pan, sout’a vouta de Malaussene, davanch una boutelha de Branda e una fougassa de fenoulhete. Sema stà à scoutà-rou fint a maten, nou cuntava Gouarbe e pountejava cada frasa dame ou sen rì particoulari qu’acoumpagnava re stòrie alegre e cambiava aquele triste en stòrie belle ! Ha parlà de soue vaque, dou sen torou e du se mu dam’u quale fasìa ou muratìe pèr tout e coumune dou païs… Ha tamben parlà de soue campagne, du se piantìe, de soue garroulhe dam’u vesì pèr u dreche d’aiga… Dame un riset calhà sus’ ou sen mourre, s’es endurmì sus’a taura. Enric pourìa durmì dapertout e en toute stajoù. R’avema laishà ailì, a soua testa iempìa de stòrie e de legende e tamben de vapoù de Branda, sabent que coura rou jorn se isserà, s’en anerà, à pe, sus’u camì dam’a soua bisaca s’a spala, en direcian dou mercà de Bersourelh.
Revirada en mentounasc da Mauri Osicki - Ampolini