3 - « Ou Païs Mentounasc » n°177 - Un Mentonnais à la guerre franco-prussienne de 1870

DÉSIRÉ FONTANA,
un Mentonnais à la guerre franco-prussienne de 1870
.
… « Le 22 juillet 1870, à cinq heures du matin, le régiment reçu l’ordre de se préparer le plus vite possible, afin de pouvoir partir en campagne, et rejoindre l’armée du maréchal Aubaine, qui était en formation sous les murs de Metz. Deux jours après cet ordre, le régiment se trouva prêt à partir, le commandant qui le commandait le convoya à une revue à pied, et après avoir passé cette revue, il lut la proclamation que l’empereur fit à son peuple, en déclarant la guerre à la Prusse, proclamation qui fut accueillie, par tout le régiment, par des cris de joie, et on n’entendit dans tous les quartiers que des cris de « Vive l’Empereur ! », « À Berlin ! », « À Berlin ! ». Après cette proclamation, chacun alla prendre ses effets de campement au magasin, puis on nous fit la distribution de munitions de guerre, afin de partir le surlendemain et aller rejoindre l’armée du Rhin, sous les ordres du maréchal Bazaine.
… J’étais tellement content de partir en campagne que je ne pensais même pas aux moments difficiles que nous aurions à traverser… Nous allions partir quinze hommes pour aller rejoindre le neuvième régiment des Cuirassiers sous les ordres du colonel Waternau, régiment qui faisait partie du corps d’armée placé sous les ordres du maréchal de Mac Mahon, duc de Magenta…Arrivés à notre destination à Woerth, nous trouvâmes un grand enthousiasme dans toute l’armée parce qu’elle avait reçu l’ordre de se tenir prête pour attaquer le lendemain, attaque qui devait avoir lieu contre un corps ennemi de bavarois.
Ayant été trop éprouvé dans ces quelques jours pour que je puisse m’occuper à prendre des notes sur la bataille de Reichshoffen, je copie textuellement ce que le fameux publiciste français Emile de Girardin a écrit au sujet de cette fameuse bataille :
C’est un des plus grands malheurs pour la France que l’histoire puisse raconter car ce malheur, après tous nos désastres que la nation a dus supporter, vient d’ouvrir à la Prusse l’Alsace et la Lorraine.
…..Au commencement du mois de septembre une grande épidémie de fièvre typhoïde et de petite vérole éclata dans la ville de Limoges, et Dieu, dans ses impénétrables desseins, n’épargna pas le neuvième régiment de cuirassiers qui fut énormément atteint, surtout de la petite vérole. Le 17 septembre, je fus atteint de la fièvre typhoïde, épidémie qui, à cette époque, avait tué déjà plus de deux cents soldats de la garnison de Limoges.
On me conduit immédiatement à l’hôpital militaire, et arrivé dans cet établissement, j’ai fait une lettre pour donner en quelques mots connaissance à ma mère de la maladie dont je venais d’être atteint.
Après plusieurs dépêches qu’elle envoyât à la supérieure des religieuses de Saint Vincent de Paul, qui était à cet hôpital vers les quatorze ou quinze jours de ma maladie, elle fut avisée que j’allais plus mal. Aussi vers le 4 octobre, elle se décida à partir, pour venir me soigner, et grâce à ses soins j’ai retrouvé, après trente cinq jours de maladie, ma santé.
J’obtiens une convalescence de quatre mois, le 7 novembre, et depuis cette époque je ne revis plus le brave 9ème régiment de cuirassiers dont j’ai eu l’honneur et le bonheur d’appartenir, et d’y faire la malheureuse campagne franco-prussienne.
Mon engagement volontaire que j’avais contracté à Marseille, pour deux ans, finissant le 2 janvier 1872, je reçus à Menton mon congé, ainsi qu’un certificat de bonne conduite.
C’est ainsi que finissant mes deux ans de service militaire, que j’ai fait partie du septième régiment et fait partie du neuvième régiment de Cuirassiers. »
ocumentation :
Désirée Fontana
« Notes de ma campagne 1870-1871 et mon service militaire »